Peut-on encore enseigner après Auschwitz ? Ou le pouvoir de commencer…

Comment, après Auschwitz, peut-on encore défendre les principes de l’intelligence, de la culture, de la connaissance et surtout penser que nous disposons là d’outils, de moyens de se protéger d’une barbarie sanglante et exterminatrice ? Après tout, la guerre et l’idéologie nazie ne sont-elles pas nées dans le pays qui était, dans les années trente, le plus cultivé qui soit ? Le pays de Herder, de Kant, de Goethe, de Einstein, de Jaspers, de Heidegger… de Hannah Arendt, ne devait-il pas offrir au monde l’image d’un monde accompli, par la science et la pensée, au profit d’une humanité fière, intelligente et hautement morale? Un pays qui offrait un visage si riche en expression artistique et littéraire devait, par la force des choses, figurer ce qu’était une société cultivée, soucieuse de progresser au profit de l’humanité tout entière. Et puis il y eut Auschwitz et ses fumées nauséabondes qui ont hurlé à la face d’un monde consterné que la culture ne serait jamais une barrière infranchissable opposée à la barbarie et au meurtre…

Cette faillite nous marquera à jamais, elle nous crie du fond de ces sombres années de fer et de larmes qu’il ne sert à rien de développer la connaissance, que la science non seulement n’est pas uniquement au service des hommes, mais peut servir les plus inhumaines des causes. Alors, pourquoi continuer à enseigner quand on sait que cette activité ne garantit pas la paix et le progrès ? Pourquoi continuer à éduquer si cela ne peut nous préserver du pire ? Que transmettre puisqu’après Dieu c’est l’illusion de la force humanisante de la culture qui s’est évaporée dans les nuages de cendres qui montaient au ciel pour y laisser reposer des hommes, des femmes et des enfants de bonne volonté ? Dans un monde désenchanté où se développent la démocratie et sa volonté d’égalité radicale, dans un monde qui considère qu’aucune valeur, aucune idée, aucun dieu n’est autorisé à dire ce qui doit être, comment pouvoir encore tenir la position d’enseigner quand la culture et le savoir, à leur tour, semblent définitivement entachés par ce péché impardonnable, ce « skandalôn » comme disaient les anciens Grecs, qu’a été l’existence des régimes totalitaires ?

D’aucuns répondraient que tout en

Enseigner après Auschwitz ?