Introduction
En 1680, à Reims, un jeune prêtre ouvre « une école populaire de charité, gratuite et destinée aux enfants du peuple des villes et des campagnes ». Il s’appelait Jean-Baptiste de la Salle.
Sa méthode, l’enseignement simultané dispensé dans la langue maternelle et non plus en latin comme cela se faisait jusque là dans toutes les écoles, était révolutionnaire. Elle lui assura le succès.
Quelques années plus tard, il ouvrira avec ses disciples de nouveaux types d’écoles afin de répondre aux nombreuses demandes qui lui étaient adressées: école normale appelée « séminaire des maîtres », écoles professionnelle et même des « pensions de force » destinées aux enfants difficiles et aux délinquants. Il mourra à Rouen en 1719, mais son oeuvre ne disparaîtra pas avec lui. En effet, en 1725, le pape Benoît XIII approuvera l’Institution des Frères des écoles chrétiennes qui se développera bientôt dans le monde entier. La Belgique accueillera ses premières écoles des frères dès le XVIII° siècle.
L’évolution d’un idéal
De 1841 à 1914
C’est en 1841 que les premiers Frères s’installèrent à Charleroi.
A l’époque, Charleroi, centre d’une intense activité industrielle (charbon, verre, métallurgie) était essentiellement peuplée par un prolétariat misérable le plus souvent privé d’instruction mais aussi d’éducation.
C’est donc tout naturellement aux Frères des écoles chrétiennes que fit appel l’abbé Lemaître, curé de la ville basse, afin que soit offertes aux enfants de la classe ouvrière (et ouvriers eux-mêmes) l’instruction et l’éducation qui devaient les aider à sortir de leurs conditions de vie sordides.
Le lundi 12 octobre 1840, trois Frères s’installèrent dans une maison de la rue de Dampremy.
Deux classes y furent aménagées. Dès la première rentrée, 186 élèves venus de Charleroi et des communes voisines se pressaient devant les portes de l’établissement…
En 1851, les Frères créaient une deuxième école au Faubourg de Charleroi afin d’y accueillir 140 nouveaux élèves.
Deux écoles, cela coûtait relativement cher, surtout depuis la suppression des subsides de l’Etat et la perte de certains dons. C’est pourquoi, sous la direction du Frère Malerin (1859-1872), et contrairement à l’idéal lassalien, il fallut rendre les classes payantes: les enfants des familles bourgeoises furent soumis à une rétribution scolaire.
Entre 1872 et 1886, l’Institut connaîtra un changement considérable. Installé rue de Dampremy qui courait alors le long de la Sambre, l’Institut était donc situé dans la partie la moins salubre de la ville. Or, en 1874, la ville mit en vente des parcelles de terrain sur l’emplacement des anciennes fortifications. Profitant de l’occasion, les Frères firent l’acquisition d’une parcelle de 14 ares 95 centiares afin d’y ériger un nouvel institut.
Commencé le 16 août 1874, les travaux s’achevèrent en mars 1875. Le bâtiment fut placé sous le vocable de Saint Joseph.
Moderne, il était équipé du gaz pour l’éclairage de la maison et des classes, de conduites d’eau, de citernes pour les classes et le jardin. Bref, il était solidement ancré dans sa nouvelle implantation du boulevard Audent (qui deviendra boulevard de l’Yser après la première guerre mondiale)
La première guerre
En 1914, grâce aux 2 classes ajoutées aux 4 existantes, l’Institut pouvait accueillir 403 élèves !
Malheureusement, le 4 août de cette même année, la guerre éclatait et la Belgique fut le premier pays à être envahi par l’Allemagne.
Dès le 22 août, la ville de Charleroi était bombardée et les fantassins allemands pénétraient dans la ville. Ils se heurtèrent à une forte résistance des armées françaises venues au secours de la Belgique. Celles-ci ne purent les empêcher de remonter le boulevard Audent où ils incendièrent de nombreux immeubles. L’Institut fut du lot. Mais, très vite, les travaux de reconstruction furent entamés et dès 1917, le rez-de-chaussée et le premier étage étaient à nouveau en état de recevoir des élèves.
De 1918 à nos jours
C’est en 1921, et grâce à Jules Destrée, que l’obligation scolaire passa de 12 à 14 ans. Ce qui, pour les enfants des classes les moins favorisées représentait une chance supplémentaire de sortir d’une vie exclusivement consacrée au travail. Ils furent de ce fait, plus nombreux encore à l’Institut !
En 1929, l’Institut comptait 2 sections: une section primaire et une section d’études moyennes appelée section administrative (3 ans). A cette époque, le programme des humanités modernes était développé dans les 7° et 8° années primaires.
Ce qui préparait nos élèves à occuper des emplois dans des entreprises industrielles, au concours de recrutement d’employés dans certaines administrations publiques, à présenter des examens de géomètre-arpenteur ou les examens d’entrée aux écoles spéciales et aux universités.
1946: l’Institut Saint Joseph et le Collège du Sacré Coeur furent confrontés à un choix crucial. En effet, ces 2 institutions s’étaient spécialisées dans les humanités modernes. Deux établissements aussi proches organisant le même type d’enseignement, c’était un de trop ! A leur grand soulagement, les Frères apprirent la résolution des Jésuites d’abandonner les humanités modernes au profit des études classiques.
L’Institut devint ainsi, pour la région de Charleroi, l’école des humanités modernes pour le réseau catholique.
Agrandi plusieurs fois, l’Institut connut d’un changement important en 1966. C’est en effet à cette date qu’il se constitua en ASBL.
Autre changement dans la vie de notre école, son passage en 1975 sous la direction d’un laïc.
L’Institut connaîtra alors de nouvelles extensions: achat des terrains et bâtiments appartenant encore à la paroisse Saint Christophe, achat de l’immeuble sis au n°38 du boulevard de l’Yser, regroupement avec l’école de Couillet-Hauchies permettant l’ouverture d’une école maternelle, fusion avec l’école technique et professionnelle de la Broucheterre connue sous le nom d’Institut des Filles de Marie, achat du n°26 de la rue de France.
Quant aux années 80, elles verront l’arrivée du rénové et de la mixité dans nos vieux murs….
Petit à petit, la population de l’Institut va croître jusqu’à atteindre les 1380 élèves.
Cette évolution posera avec acuité la question de l’étroitesse des locaux. La décision de construire une nouvelle école sera prise en 1991.
C’est en 1992 que fut obtenu l’accord pour l’achat par l’école du terrain appartenant à l’Igretec (anciennement Ouvriers Réunis). Nos anciens bâtiments furent revendus.
La construction démarra en 1995 pour s’achever en 1997.
Nous pûmes entrer dans nos nouveaux murs la veille du congé de l’Ascension !
L’année 2008 a été l’occasion d’un nouvel agrandissement avec la construction de la nouvelle aile reliant le bâtiment principal à celui de façade. Ces surfaces supplémentaires ont permis de renforcer notre capacité d’accueil en créant une nouvelle salle des professeurs, en ouvrant des locaux de cours supplémentaires et en élargissant significativement la taille de notre centre de documentation.
En avril 2016, une cérémonie dans nos murs a permis de fêter avec faste et fierté le 175e anniversaire de la création de notre Institut Saint-Joseph, plus ancienne école dans la ville de Charleroi qui fêtait, elle, les 350 ans de sa fondation.
En guise de conclusion
Rappelons la mission que l’Institut s’efforce de remplir aujourd’hui:
« L’Institut Saint-Joseph est une des plus importantes écoles catholiques du centre de Charleroi. Populaire par son public, non sélective, l’école est marquée par son souci d’accueil, de disponibilité et d’aide aux étudiants, et ce, dans la tradition lassalienne.
De l’extérieur, elle apparaît aux gens qui la côtoient ou la fréquentent comme pouvant offrir à une certaine « élite populaire » une promotion sociale à travers l’attention réelle accordée à la réussite scolaire et à la réalisation de tous »
A l’analyse, cette mission est en conformité avec l’idéal lassalien qui à présidé aux premiers pas de notre Institution tout en reflétant les nécessaires adaptations que le contexte politique, économique, social et pédagogique dans lequel elle a évolué lui ont imposé…
Cet idéal qui guide nos pratiques d’école existe donc depuis maintenant 175 ans et fait notre fierté.